Corona virus : flash-back sur l’écriture fictive de l’épidémie

Le monde traverse une période bouleversée et mouvementée autour d’un récent virus qui fait des ravages. Le Corona Virus s’inscrit dans une longue tradition des épidémies qui ont causé des milliers de morts en un temps record. La peste, le choléra, la grippe ont précédé ce nouveau tuer. Les écrivains ont laissé couler l’encre sur un fond noir en relation à ces différentes épidémies. Nous allons présenter ici quelques textes qui reviennent sur ces virus d’extinctions massives.

Boccace, Décaméron, 1349-1353

Dans son recueil de nouvelles Décaméron, Boccace plonge le lecteur en 1948 avec l’entrée de la peste dans la ville de Florence en Italie. La ville est présentée par ses jours sombres et devient le théâtre de la fuite des habitants vers un espace qui pourrait être sain. Le narrateur souligne des effets semblables aux multiples cas d’infections et de morts que connaît l’Italie aujourd’hui, qui étaient imprévus des heures avant. Nous pouvons lire dans la nouvelle « première journée » de ce livre : « Combien de vaillants hommes, que de belles dames, combien de gracieux jouvenceaux, que non seulement n’importe qui, mais Galien, Hippocrate ou Esculape auraient jugés en parfaite santé, dînèrent le matin avec leurs parents, compagnons et amis, et le soir venu soupèrent en l’autre monde avec leurs trépassés ».

Stephen King, Le Fléau, Jean-Claude Lattès, Paris, 1991

Ce livre est l’un des écrits majeurs du célèbre auteur américain Stephen King. Publié pour la première fois en 1978 dans sa forme contractée, l’auteur a souhaité mettre en évidence l’ensemble de sa production avec la deuxième édition de 1990. On retrouve les deux versions dans la traduction française.

Cette production d’un volume de plus de 1000 pages confirme la théorie des virus créés en laboratoire. L’écrivain s’intéresse à la pandémie de la grippe. Un virus qui est inventé dans un laboratoire d’une base armée américaine réussit à s’exfiltrer par un agent sorti avant la fermeture automatique du camp. Le soldat sorti de la base avec le germe va le transmettre avant de mourir aux personnes qu’il croise sur sa route. Ce virus de la grippe avec un taux de contamination de 99,4 % va très vite anéantir les États-Unis et le monde. La race humaine ne survit à ce fléau que par quelques individus naturellement immunisés. La polémique autour du Covid-19 qui aurait été créée dans un laboratoire chinois trouve toute son essence dans ce roman. Notons également que la capacité d’extension et de contagion nous renvoie à la crise actuelle.

Jean Giono, Le Hussard sur le toit, Éditions Gallimard, Paris, 1951

L’auteur nous fait revivre la pandémie de choléra qui a décimé la France. L’histoire remonte vers 1832. Entre aventure amoureuse, fidélité aux principes et union contre l’ennemi commun (Choléra) l’écrivain revient sur la gestion de la crise. L’incompréhension de la nouvelle menace a valu à Angelo Pardi l’accusation d’avoir empoisonné les fontaines. Pour faire face à la grande contagion qui envahissait sans limites la population, les autorités décident de faire évacuer la ville vers des collines. Un système de quarantaine est mis en place et l’armée assure le respect des consignes sur l’étendue du territoire. Le parcours de Angelo et Pauline de Théus montre un itinéraire de solidarité à faire preuve dans une gestion de la crise. La rencontre entre les deux, suite à la séparation de chacun avec un de ses proches qu’il cherche à retrouver. Les deux vont traverser des périodes difficiles. Par mégarde aux règles d’hygiène à respecter, Pauline va contracter la maladie et la prise en charge d’Angelo va l’aider à se rétablir. Ce livre redonne un espoir de la guérison et une solidarité à laquelle il faut faire face pendant la crise.

Jean-Marie Gustave Le Clézio, « La Quarantaine » (1995) : le temps suspendu de la maladie, Gallimard, 1995

Le titre de ce livre est le reflet de la réalité actuelle avec la crise du Civid19. La quarantaine s’est imposée au globe, chaque pays se coupe du monde, chaque personne se cloître chez lui. La production de Le Clézio nous dévoile l’isolation dans une île pour reclure la variole et empêcher son extension dans l’univers. Pendant un voyage vers l’île Maurice deux passagers révèlent des symptômes de variole à l’escale imprévue à Zanzibar. Cet ainsi que l’équipage se retrouve forcé au confinement. Avec cet ouvrage nous sommes plongées dans la réalité d’une quarantaine obligé, avec des personnes coupées du monde.

Plusieurs autres auteurs ont des productions sur les pandémies qui ont attaqué le monde et l’occident en particulier. On peut citer Albert Camus, Montaigne, Philip Roth, Hervé Bazin… Mais nous pouvons dans une observation d’un discours sur l’Afrique qui semble moins impactée par le Corona Virus nous retourner vers le livre Rouge impératrice de Léonora Miano (2019) et Aux États unis d’Afrique de Abdourahman Waberi (J.-C. LATTÈS, 2006). Ces deux textes montrent l’Afrique épargnée des virus et maladies qui ont réduit les pays occidentaux à néant. Ce qui impose la migration des Occidentaux vers le continent de l’espoir. Les deux écrits viennent confirmer la pensée des Africains selon laquelle l’environnement africain serait un atout contre le Covid19. Ainsi l’homme noir du Berceau de l’humanité pourrait avoir plus de chance à survivre au Covid19.

Les écrivains laissent toujours des traces lors des différentes crises sanitaires que traverse le monde. À partir de ces textes qui ressortent l’imaginaire social autour des maladies qui se répandent comme une traînée de poudre, nous pouvons, d’une part, retenir que la menace est réelle et qu’elle peut décimer la planète toute entière, et d’autre part que c’est grâce au respect des mesures établies pour contrer l’épidémie et à quelques cas d’immunités que l’humanité pourra survivre.