Cri de libération

Dans une escalade poétique qui vise à rappeler l’essentiel des valeurs africaines et humaines, Arnaud Thierry plonge le lecteur dans les détails de son quotidien. Il nous fait revisiter les marques de notre histoire qui disparaissent, l’inaction de notre part face à la gouvernance qui détruit notre pays.

Ce recueil de 35 poèmes se veut être un chant à la paix, à l’amour, à la fraternité, à la bonne gouvernance, à l’africanité et au vivre-ensemble. Sous une tonalité lyrique, le poète engagé fait appel à la clairvoyance des lecteurs de par son cœur qui s’exprime sur des réalités communes.

Le Cri de libération est un cri effectué avec quatre sons.

Dans un premier temps c’est un cri pour une meilleure nation. Parce que le pouvoir à corrompu les âmes en éloignant la gouvernance du bien être du peuple, Arnaud Thierry se positionne comme purificateur, qui rappelle aux hommes ce qu’est l’essentiel. Il dénonce par une photographie scripturale le déclin d’un pays qui se veut havre de paix. Ce qui est intéressant avec le poète c’est son élan dans une déconstruction constructive. Son poème « Mon pays en cendre » en une belle illustration. Ici l’auteur dénonce le contexte de conflagration tout en rappelant comme signe de proposition les éléments qui rétabliront la paix dans notre nation. Si la situation reste anarchique, c’est parce que chacun au niveau de sa responsabilité a quelques fois démissionné alors qu’il faut continuer à faire son travail comme « les enseignants de la brousse ». Par ailleurs, le chaos est incessant, c’est surtout parce que nous avons abandonné la culture qui est notre. Cette première partie est pleine d’engagements contre un mauvais système, toutefois, l’auteur clame la paix, le vivre-ensemble et le retour aux sources.

Dans une deuxième sonorité, le cri est renvoyé vers la terre mère, le berceau de la civilisation. Comme Senghor, Césaire et Damas, il chante l’Afrique des cultures et des valeurs. Il valorise la « femme noire, femme africaine » avec son joli « teint de palmiste grillé ». Il incite l’Afrique à un réveille, mais insiste pour qu’il reste en éveille afin que nous puissions enfin avoir « la nouvelle Afrique » qui serait une belle union entre les peuples. Cette union est très bien représentée avec le poème « Au festival des universités du Tchad et de Maroua, 2014 ».

La troisième voix du cri retourne « Aux intimes ». Si « le souvenir est poésie, et la poésie n’est autre que souvenir » (Giovanni Pascoli), Thierry Lonla rend hommage à ses proches, les morts comme les vivants. Il rend surtout la déférence à sa mère, celle qui l’accompagne depuis son berceau natal. À son ami parti si tôt. Cependant, il ironise sur les nouvelles intimités des hommes et des femmes, notamment l’alcool et l’avortement.

Enfin, la dernière résonnance   est celle du chant de l’espoir. Malgré la pandémie à Coronavirus par son virus « si subtile, mais si vorace, si minuscule, mais si dangereux » qui « sème partout une terreur coriace », il est important de garder l’espoir. En dépit de la vraie pandémie en Afrique qui serait liée à un mauvais système de gouvernance, il demeure de l’espoir, « parce qu’on est tous un ». Celui qui rit va faire rire les autres et procurer de la joie autour de lui afin qu’on puisse voir et avoir « la vie en rose ».

Ce livre écrit dans un style simple et accessible est une démonstration de la liberté de l’auteur à pouvoir se détacher d’une norme classique du livre. L’artiste se veut être un esprit libre qui par sa création va toquer de porte en porte pour libérer les hommes des pratiques déplorables qui minent nos sociétés nous éloignant de nos traditions, de notre identité, de la paix, du vivre-ensemble et du bonheur.

Pour une première production chargée avec équilibre dans le sens et la musicalité, Arnaud Thierry Lonla est la promesse d’un avenir meilleur pour la littérature camerounaise, africaine et mondiale.

Titre : Cri de libération
Auteur : Thierry Arnaud Lonla
Genre : poésie
Éditeur : Élite d’Afrique
Année : 2021